J'ai récemment eu l'occasion d'écouter une passionnante conférence de Gilles Babinet sur la transformation digitale. Si l'ensemble de son exposé a été riche en enseignements (notamment sur l'importance des plateformes et de l'approche "Built to Fail"), un point m'a particulièrement interpellé : la réussite éclatante du Danemark, souvent classé numéro 1 des pays européens dans l'Indice DESI (Indice relatif à l'économie et à la société numériques).
En parallèle, la France stagne au milieu du tableau, affichant d'excellents scores en infrastructures mais des lacunes persistantes en usage des services publics et intégration numérique dans les PME.
On peut aisément s'interroger : quels enseignements tirer de la réussite danoise ? Comment implémenter cette méthode de succès dans notre écosystème politico-numérique français, caractérisé par ses propres contraintes et ses défis spécifiques ?
Pour répondre à ces questions, nous allons décortiquer la stratégie danoise, analyser les spécificités françaises (notamment au niveau des collectivités) et esquisser la feuille de route pour les acteurs qui font face à la fracture numérique.
La Réussite Danoise : Entre agilité, Confiance et Obligation Numérique
Le succès du Danemark n'est pas un coup de chance, mais le résultat d'une stratégie politique systématique et contraignante étalée sur plus de vingt ans. Le secret réside dans le principe du "Digital-by-Default" (Le numérique par défaut), soutenu par l'État.
Observons la chronologie de cette transformation au Danemark :
* 2005 : La Contrainte Favorable (B2G)
Le gouvernement impose la facturation électronique pour toutes les interactions entre les entreprises et l'administration. Ce n'était pas une suggestion, mais une obligation légale. Résultat : cela a contraint les PME à s'équiper et à se numériser sous peine de ne plus pouvoir travailler avec l'État, créant un choc d'adoption immédiat.
Notons qu'en France, l'obligation de la facturation numérique sera effective pour les entreprises privées à la fin de l'année 2026 pour les grosses entreprises et en 2027 pour les petites et moyennes entreprises.
* 2010 : Le Socle de Confiance (NemID)
Lancement de NemID, le système national d'identification numérique unique. Que ce soit pour interagir avec une banque privée ou la sécurité sociale, un seul identifiant est utilisé. Ce socle de confiance a éliminé la fragmentation et a assuré une sécurité perçue (et réelle) élevée, favorisant l'adoption de masse. Ce système a été depuis remplacé par MitID (2021-2022), plus moderne et sécurisé.
* 2013-2014 : L'Universalité (Digital Post)
Le Danemark rend le courrier numérique (Digital Post) obligatoire pour les communications officielles de l'État vers les citoyens. En quelques mois, cela a permis d'atteindre un taux d'adoption quasi universel. L'État a ainsi pu basculer ses ressources de la gestion papier vers l'amélioration de ses services numériques.
En résumé, le Danemark a inversé la logique française : plutôt que d'attendre l'adhésion citoyenne pour numériser, l'État a imposé le numérique comme la nouvelle norme tout en s'assurant que des solutions d'accompagnement étaient en place pour les exclus. L'obligation a créé l'efficacité.
La longue transformation en France : L'Exemple des Collectivités
Si le Danemark a brillé par son unification, la France a souffert de trois maux principaux, particulièrement visible à l'échelle des collectivités territoriales. Je prend cet exemple dans la mesure où c'est celui sur lequel je travaille avec JS Créations Digitales.
La Fracture Numérique : Un Frein Éthique et Opérationnel.
En France, la difficulté à imposer le numérique est historiquement et intimement liée à l'enjeu de la fracture numérique.
D'après le Baromètre du numérique 2023 de l'ARCEP/CNUM), on estime que 13 millions de Français (soit près de 20% de la population) rencontrent encore des difficultés avec le numérique. Cela va de l'illectronisme pur à un simple manque de compétence pour réaliser une démarche administrative complexe en ligne.
L'obligation de la déclaration des impôts en ligne en est un exemple. Ce cas a longtemps généré des pics de stress et des erreurs massives. L'État a dû mettre en place des "aidants numériques" et maintenir des guichets physiques, ce qui annule une grande partie des gains d'efficacité et d'économie espérés de la dématérialisation. La peur de l'exclusion ralentit tout le système.
Le Manque de Confiance : L'Ombre des Cyberattaques
Là où le Danemark a créé un socle de confiance, la France a vu cette confiance fragilisée. Les multiples cyberattaques subies par les services de l'État (hôpitaux, France Travail, Sécurité Sociale, collectivités territoriales, etc.) ont érodé la foi du citoyen dans la capacité de l'administration à protéger ses informations.
Le citoyen se pose la question légitime : pourquoi devrais-je confier mes données les plus sensibles à une administration si les systèmes informatiques ne sont pas robustes ? Ce manque de confiance devient un cercle vicieux, justifiant la réticence à basculer sur le numérique.
La Bonne Voix : Des Investissements et une Prise de Conscience
Malgré ces difficultés, l'État et les grosses collectivités sont bel et bien sur la bonne voie et investissent massivement.
* Investissement National : Le plan de relance et les budgets successifs ont alloué des milliards d'euros pour la modernisation de l'IT de l'État et la cybersécurité. L'ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information) joue un rôle central, imposant des normes de sécurité plus strictes, même si leur mise en œuvre est complexe. Le RGAA et le RGPD sont deux autres exemples d'avancée en matière de protection des données et d'accessibilité.
* Les Collectivités : Les dispositifs d'aide comme le Fonds National d'Aménagement et de Développement du Territoire (FNADT), les subventions régionales (comme le Pacte Rural ou les aides à la Transformation Digitale de la Région Grand Est), encouragent fortement les petites et moyennes communes à se moderniser et à garantir la conformité. Ces efforts visent à combler le retard des TPE/PME et des communes rurales.
Conclusion : Le potentiel d'une transformation digitale réussie en France est énorme, nous le savons tous. Et si l'État et les grandes collectivités investissent massivement, on ne peut pas négliger le rôle des acteurs de proximité.
La clé de la réussite réside dans plusieurs champs d'actions sur lesquels nous devons appuyer :
* Simplifier l'Adoption : Fournir des solutions clés en main, sécurisées et accessibles financièrement.
* Former et Accompagner : mettre en place des accompagnements ciblés massivement sur tous le territoire. S'assurer que la veille technologique soit facilement accessible et ne plus considérer les obligations comme des contraintes, mais plutôt des leviers.
* Rétablir la Confiance : Garantir la sécurité, la souveraineté des données et la conformité légale (RGPD, RGAA).
C'est précisément sur tous ces points que j'interviens avec JS Créations Digitales. En ciblant les besoins réels des acteurs locaux (élus, mairies), je propose des solutions qui répondent directement aux freins mentionnés :
* Lutte contre la Fracture Numérique : Le Pack « Conformité & Sérénité » pour les Mairies offre un Site Vitrine "Clé en main" (architecture simple, lisible sur mobile) et un Module "Affichage Légal Numérique" (automatisation des tâches) qui facilitent l'accès et l'usage.
* Rétablissement de la Confiance : JS Créations Digitales met en avant des garanties essentielles : Sécurité renforcée, Hébergement souverain, et Conformité RGPD/RGAA. Cela rassure les municipalités sur la bonne gestion des données.
* Soutien à l'Investissement : JS Créations Digitales accompagne même dans le montage des dossiers de demande de financement (auprès des Régions ou de l'État, comme la Région Grand Est), aidant ainsi les collectivités à surmonter le manque initial de moyens alloués.
En transformant la complexité en simplicité, et l'incertitude en garantie, JS Créations Digitales se positionne comme un catalyseur local pour contribuer à reduire le retard. Le digital doit constituer un levier d'efficacité et ne plus être vu comme une source d'inquiétude.